Dans l’affaire opposant Gallimard à François Bon, le droit est peut-être du côté du premier. Je ne connais pas la traduction du Vieil Homme et la Mer, par Jean Dutourd, mais si effectivement elle est mauvaise, alors c’est être du côté d’Hemingway que d’en proposer une nouvelle. Défendre un auteur cela peut impliquer une désobéissance à l’égard de la loi. Je connais la traduction de The Long Goodbye (dont le titre français est Sur un air de navaja) et je découvre la traduction de Pop. 1280 de Jim Thompson (ça donne en français, 1275 âmes, oui oui sans rire, et quelques pages coupées par Duhamel), et je suis effaré. Que de telles traductions perdurent est scandaleux. Des éditeurs qui ont les moyens de refaire des traductions datées, pleines de formules argotiques d’il y a cinquante ans, approximatives, mauvaises, et qui ne le font pas, sont en faute. Pas devant la loi. Mais devant les auteurs dont ils se déclarent les défenseurs et les gardiens. On nous embête avec la peur du piratage, ce faux-problème, les drm etc (bon, la fermeture de megaupload et des sites pirates de livres en Ireland, on ne va pas s’en plaindre, ces sites faisaient de l’argent, on est très loin du partage et de l’échange) sous prétexte de défendre le droit d’auteur. Défendre le droit d’auteur, cela devrait être avant tout défendre le droit des auteurs (à être correctement rémunérés, traduits, diffusés, traités). Et parfois, de plus en plus souvent, la loi n’est pas du côté des auteurs, ni des lecteurs.
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