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Gwen van den Eijnde

J’ai rencontré Gwen à Solitude l’année dernière. Il y a quelques mois m’a demandé d’écrire un texte pour le livre consacré à une série de ses costumes, livre publié à Varsovie. Texte en français ici, et en anglais .

Gwen van den Eijnde

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Gwen van den Eijnde, 2011Evolution is our dream. But it is a waking dream. The dream is decided and implacable. We draw animal and plant species into ourselves, remove them from the earth, the sky and the forest, tear them away from nature, harvest them and make them our own. The grand digestion of our passions breaks them up and incorporates them into our humanity. These wing cases, pistils, leaves, claws, and shells are our future. Our inner insect and flower that had been drifting as if shipwrecked and lost at sea can finally express themselves. We crawl, scratch at the earth and our wounds, we cover ourselves with the froth of love and we tremble at the onslaught of the wind. Plants and animals are our mute instructors, dispensing immemorial knowledge that has survived over the millennia. Let’s listen to the minuscule and to the unobtrusive components of our natural environment as they teach us how to live our lives.
We will be helpless no more: our armour and our protection have arisen from our dreaming body. We continue to grow, but we replace biology and take over inventing our own pollens and our own majestic wings. Anatomy becomes a creation of the imagination. Our body is the soil where we grow our desire and ambitions; it is fertile ground in which everything grows if it is planted right, if we plough, water and keep predators away with our cheery repellents. We are the breeding ground and the womb of our animal and plant future. Nature is the catalogue of shapes that allow our thoughts to come into being and express our inner depths and our dreams.

Martin Page

Gwen van den Eijnde

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Gwen van den Eijnde, 2011(texte écrit pour le livre consacré aux costumes créés par Gwen van den Eijnde, publié à Varsovie en 2011)

L’évolution c’est un rêve que l’on fait. Mais on ne dort pas. Le rêve est décidé et implacable. Les espèces animales et végétales ont les prend en soi désormais, on les retire de la terre, du ciel et des forêts, on les arrache à la nature, on les récolte, et on les fait nôtres. La grande digestion de nos passions les atomise, et les incorpore à notre humanité. Les élytres, pistils, feuilles, griffes, carapaces, sont notre avenir. L’insecte et la fleur qui sont en nous, qui dérivaient comme des naufragés perdus sur l’océan, peuvent enfin s’exprimer. Nous rampons, nous grattons le sol et nos plaies, nous nous couvrons de nos baves amoureuses, nous frémissons sous les assauts du vent. Animaux et plantes sont les professeurs mutiques, les dispensateurs d’un savoir immémorial qui survi depuis des millénaires. Ecoutons l’enseignement du minuscule, les discrets participants à la composition de nos paysages nous apprennent comment conduire notre vie.
Nous ne serons plus désarmés : nos armures et nos défenses sont sortis de notre corps songeur. Nous continuons à grandir, mais nous remplaçons la biologie, nous prenons le relai, nous inventons nos pollens et nos ailes majestueuses. L’anatomie devient une création de l’imagination. Notre corps est le sol où nous cultivons nos désirs et nos ambitions, c’est une terre fertile, tout y pousse si on le plante bien, si nous labourons, arrosons, et tenons les prédateurs éloignés avec nos rires répulsifs. Nous sommes le terreau et la matrice de notre avenir animal et végétal. La nature est le catalogue de formes qui permettent à nos pensées de s’incarner et d’exprimer notre intimité et nos rêves.