A l’instigation (à l’invitation) de Lan Tuazon, après-midi à faire du vélo dans la forêt. C’est une forêt où il est théoriquement impossible de se perdre. C’est aussi une forêt où il est théoriquement possible de se faire attaquer par des sangliers. Nous avons cru nous perdre plusieurs fois (nous nous sommes rendus à un restaurant qui s’est avéré fermé, puis nous avons essayé d’en rejoindre un autre en prenant des chemins jusqu’alors jamais empruntés -l’aventure), mais heureusement pas trace d’un sanglier. C’est une forêt qui sent le miel d’acacia et qui a plus de verts que chez un marchand de couleurs. Autant dire que c’est une réussite, j’ai crié « bravo la nature ». Il faut la féliciter parfois. Il y avait un arbre isolé, dans un creux de forêt, il était grand, grand, grand, avec des feuilles seulement à partir d’une vingtaine de mètres du sol. C’était le plus bel arbre de la forêt, le plus solitaire aussi, les autres arbres semblaient avoir fait un pas de côté. Nous ne nous sommes pas perdus, mais l’aventure a été longue avant de trouver le restaurent au milieu de la forêt et au bord du lac. Epuisés, affamés, nous avons commandé des plats sans très bien comprendre ce dont il s’agissait (mais on savait que ça serait rustique et gras) et surtout des apfelschorle (ma boisson préférée du moment) par demi-litre. Il y a des tables à l’extérieur du restaurant et sur les balcons. Nous nous sommes installés en hauteur. Après le repas lecture dans l’herbe, sur un plaid en laine dont j’ai aspergé les bords de spray anti-tiques (ainsi que mes vêtements). Sur le chemin du retour un cycliste allemand musculeux m’a poussé alors que je peinais dans une côte avec l’intention de me faire tomber (très bizarre épisode), plus tard alors que nous subissions une attaque de moustiques nous avons tenté de les faire fuir en criant des ultrasons mais ça n’a pas très bien marché.
Le soir les chauves-souris sont nombreuses et contentes d’être entre elles. Elles crient. Deux sont entrées dans la chambre d’Alisa Margolis (qui il y a trois jours a eu la belle idée d’organiser une séance de Papermoon de Peter Bogdanovitch en dehors, dans la cour. Elle avait mit une de ses gigantesques toiles vierges ovale contre un arbre en guise d’écran, nous avions tiré des fils électriques pour brancher le rétroprojecteur. Pendant la séance un orage a commencé, au loin, on voyait les éclairs illuminer la nuit quelques instants. Mais nous sommes restés et l’orage ne nous a pas rejoint. Seul un coup de vent a emporté l’écran à un moment. C’était assez magique et puis le film était merveilleux.