Paris a l’air d’un village comparé à Séoul et pourtant je m’y sens bien. J’aurai envie d’y passer des mois. C’est une ville de dix millions d’habitants, immense. Mais il y règne une douceur, une tranquillité. Je suis guidé par mon éditrice, Rosa. Je me sens moins étranger à l’étranger que dans mon propre pays. Paris m’est infiniment plus exotique.
Adaptation théâtrale de Conversation avec un gâteau au chocolat par Park Seung-Geol. Le public réagit bien, c’était super. Un acteur porte un costume de gâteau au chocolat et se tient sur le côté, tandis qu’une jeune actrice parle à un vrai gâteau posé sur la table devant elle. Dans la dernière partie quand elle est en train de finir d’avaler le gâteau, l’acteur a un regard mélancolique très troublant. Le metteur en scène a parfaitement compris le mélange d’humour et de tragédie. C’était drôle et émouvant. Je participe à un débat avec lui tout à l’heure.
Journées bien remplies. Émission de télévision (KBS) où j’ai découvert une version géante de Je suis un tremblement de terre (1,50 sur 2), c’est la seule émission littéraire à la télévision. Une présentatrice, deux critiques littéraires, une heure pour parler de ce livre, mon autobiographie secrète. C’était agréable de constater qu’ici on pouvait prendre au sérieux un livre paru dans une collection de livres pour enfants. Cela n’arrive pas en France. Le taxi n’est pas cher ici, alors mercredi j’ai traversé une partie de la ville (course d’une demi-heure dont un quart d’heure d’embouteillages-spécialité locale) pour déjeuner dans un quartier dont j’ai oublié le nom (à compléter plus tard), un genre de Montmartre, hm moderne, restaurants, petites rues. Hier rencontre avec des lecteurs dans un grand café près de l’hôtel de ville et d’une université. Avec le Brésil, c’est en Corée que les rencontres avec les lecteurs sont le plus agréables. C’est naturel, chaleureux, drôle, on discute sans esprit de sérieux mais longuement, passionnément. Nous avons parlé de la mort, de politique, de fantômes (les morts qui ne sont pas morts et les vivants qui bien souvent ne sont pas vraiment vivants). Débat aussi au salon du livre. Lors d’un dîner officiel, situation inédite, je suis assis entre Christine Jordis (écrivaine et éditrice chez Gallimard) et Bernard Werber, tous deux de bonne compagnie. Discussion sur le milieu littéraire (on n’en fini pas).
J’ai beaucoup pensé à l’adolescent que j’étais il y a vingt ans, à ma vie en banlieue parisienne, élève médiocre, avec mes amis bizarres, un père qui allait de plus en plus mal, inquiet de l’avenir, angoissé, pas sûr de moi, prenant des notes dans des grands cahiers. Il faudrait pouvoir envoyer des petits signes de réconfort en direction de son passé.
Je rentre demain, dimanche.
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