Cette nuit j’ai appris la mort de Peter Luik, notre professeur d’allemand ici à l’Akademie Schloss Solitude. Nous sommes tous sous le choc. Il est mort, seul chez lui, suite à une grippe et à ses complications. Je ne sais pas quel âge il avait exactement, autour de cinquante ans je pense. C’était un excellent prof. Je n’en ai jamais eu de meilleur. Il nous faisait cours une fois par semaine. J’étais dans le cours des débutants avec quelques autres fellows. Il voulait nous apprendre à parler allemand ; son enseignement était pragmatique et enthousiaste. La grammaire devenait intéressante avec lui, les déclinaisons du datif et de l’accusatif nous devenaient familières. Ses cours étaient passionnants, drôles, captivants. Il avait sa méthode (lien vers son site : il proposait aussi des cours d’allemand couplés à des cours de gym ; il avait développé toute une pensée de l’apprentissage c’était hétérodoxe, joyeux et efficace) ; souvent, comme pour des enfants, il utilisait une petite voiture ; et ça marchait. Il me faisait penser à un acteur (je trouvais qu’il avait quelque chose de la verve de Brad Pitt dans le dernier Tarantino) ; il était doué, habité, magnifique, en même temps que discret, sensible et attentif aux autres. Lors du dernier cours je lui avais dit qu’il était prof génial. On oublie notre fragilité, on ne pense pas à se dire des choses importantes, que l’on s’aime, que l’on s’apprécie. Il faut le faire. La réserve que nous avons tous à l’égard les uns des autres m’insupporte. Une pensée pour Peter. Ruhe in Frieden. On ne t’oubliera pas.
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