Article passionnant de maître eolas ici.
Dans notre bande de célibataires, une bonne nouvelle : A. a une amoureuse (après une histoire triste, aventure malheureuse suite à une relation née sur meetic, le lieu où semble-t-il les filles chassent les garçons romantiques pour profiter de leur corps- ah ah). Tout cela me rappelle ce film de Lubitsch : The Shop around the corner (et son quasi remake que j’aime beaucoup, réalisé par Norah Ephron). Certains réussissent leur vie professionnelle (enfin… dans la mesure où on peut considérer que réussir a du sens, ce dont je doute ; disons : ils font ce qu’ils aiment), d’autres ont une vie sentimentale. Quelques rares spécimens ont les deux. Croit-on.
J’aime écouter des dizaines de fois la même chanson ; ce soir Where do the children play, de Cat Stevens, (34 fois) chanson associée dans mon esprit à Harold & Maude, sans doute mon film préféré (ce n’est pas très chic de dire ça, j’en suis conscient ; c’est drôle et idiot : je connais pas mal d’écrivains qui avouent des goûts et des dégoûts en privé mais qu’ils ne dévoileraient jamais en public ou à un journaliste -on a peur de ne pas être bien vu, cela donne une idée de la pression, de la coercition qui tient le milieu littéraire). J’étais allé le voir avec une amie ; elle avait pleuré. Il n’y a pas de film plus émouvant et plus profond. Ce soir la chanson suffit. Il y a des chansons qui peuplent, je veux dire qui doucement, peu à peu, remplissent toute la pièce, donnent leurs couleurs, leur sens. Elles règnent. Alors ce soir Where do the children play règne et c’est le seul régime politique auquel je désire prêter allégeance.
Brunch d’anniversaire avec un ami (Lionel) dimanche matin. Nous nous retrouvons dans un café du boulevard Montparnasse, nous parlons et nous ratons la séance prévue. Nous avons raté les séances de très bons films ; nous ne ratons pas au hasard. Puis nous avons marché. Le temps était doux. Nous avons parlé amour, entre autres choses.
Encore un idiot qui a trouvé mon dernier roman très amusant alors qu’il est mélancolique. Je crois que pour tout un tas de gens la mélancolie est risible. Tant pis pour eux. Il paraît que toutes les lectures sont possibles. Après tout ce n’est pas parce qu’on manque de sensibilité qu’on n’a pas le droit de porter un jugement.
Pour l’émission de télé à laquelle j’ai participé, nous avions rendez vous dans un café, La Cl. des L. Étrange. Cela avait un côté Mort à Venise. Triste, maladif, en voie de putréfaction. Ce café est le symbole d’un monde qui n’existe plus, un musée de cire qui vit sur son héritage. C’est un symptôme que de rester attacher à ces cafés littéraires parisiens. Les écrivains ne vivent plus dans ces quartiers, ils n’ont pas les moyens de se payer un verre dans ces endroits, et puis ils ne le voudraient pour rien au monde. Cages de verre où s’exhibent des personnages sérieux et ridicules, parfois jeunes maréchaux d’Empire de la littérature, ambitieux, ils sont comme les catholiques à Lourdes ou les traders à la City.
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