Quelques plaisirs de l’existence. Soirée avec quelques amis chez une amie qui vient d’emménager dans un joli appartement près de Gambetta. Il manque une fenêtre, du scotch maintient une vieille fenêtre, en attendant des travaux ; une poignée de porte est tombée, il faut prendre garde à ne pas s’enfermer. Cela me donne envie de faire des travaux chez moi (le studio le plus mal organisé au monde). Ce matin soleil et fraîcheur, petit déjeuner chez des amis. Nous parlons de Louis Armstrong, de jazz, du rap, de livres. Ce sont de petites choses ces réunions, d’immenses petites choses.
Mon roman sort dans quatre jours et le nouveau livre se profile déjà, et le suivant, et le suivant. Ce sont des points à l’horizon qui grossissent, dont je me rapproche ou qui se rapprochent de moi, ou peut-être est-ce les deux à la fois. J’ai cette angoisse en moi de n’avoir plus de livre en projet, mais rien ne vient justifier cette angoisse. On n’a pas d’idée de livre, il serait plus juste de dire que les idées naissent de la position que l’on se construit, de la personne que l’on travaille à être. Tant que je travaillerai, tant que j’aurai la même attitude, de recherche, de compréhension, d’imagination, j’aurai des livres en projet, des personnages à défendre, des belles choses à faire naître. On n’écrit plus, on ne créé plus, quand on n’aime plus, quand on ne désire plus, quand on a abandonné une certaine attitude dans son rapport au monde. Le roman qui sort dans quatre jours parle de ça, c’est un livre sur la disparition et la création ; il n’y a pas d’angoisse de la page blanche, il n’y a que des hommes qui renoncent à vivre.
Cette semaine thé avec Geneviève Brisac, mon éditrice à l’Ecole des Loisirs. Et hier Aude est passée à l’atelier. Les premiers dessins du livre que j’ai en projet avec Sandrine Bonini sont superbes. Ce sera un album. Je rentre en Allemagne demain. Je suis heureux de retrouver le château, mes camarades résidents, l’équipe de l’académie, le calme aussi. C’est un endroit idéal pour travailler, respirer. Je serai de retour en France mi janvier (à Lyon), puis fin janvier (à Paris). Je squatte à droite à gauche quand je rentre à Paris (mon frère vit chez moi, mais comme son contrat de travail va sans doute être renouvelé, on croise les doigts, il va chercher un appartement). Ces derniers jours la copine de mon frère m’a passé son studio, et dès le jour 2, fuite, inondation, impossible d’utiliser l’eau courante, de prendre de douche, sans créer un déluge. J’ai donc pris mes douches ailleurs. C’était drôle cette semaine à prendre des douches à droite à gauche. Ce sont de belles années. Nous vivons tous dans la même ville, nous avons du temps, nous nous entendons (et nous nous disputons à propos de films, de livres, de disques). La belle époque.
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