C’est un véritable travail que de trouver un nom aux personnages. En général j’évite de donner le prénom d’un ami, de quelqu’un que je connais ou que j’ai connu. Il y a des exceptions à cette règle (après tout cela interdirait trop de prénoms). J’aime qu’il soit simple. J’ai un dictionnaire de prénoms, vous savez ce livre qu’achètent les futurs parents. Je le lis de temps en temps. Parfois je trouve un prénom qui sonne bien pour un personnage (mais qui ne me disait rien quelques temps plus tôt pour un autre roman), même si le plus souvent les idées viennent d’ailleurs, de rencontres, de livres, de films.
Ce dictionnaire des prénoms marque encore davantage la ressemblance qu’il y a, et dont tout le monde parle, entre la gestation d’un enfant et celle d’un roman (Roman est un joli prénom d’ailleurs).
Sauf que ça n’est pas exact. La gestation d’un roman est de durée variable. Celle de la femme est de neuf mois. Mais je pense que ce n’est pas la gestation qui compte. A la naissance, l’enfant n’est pas autonome. Il lui faudra plusieurs années avant de pouvoir marcher et parler, de penser, de faire des choix. Un roman n’est pas un nourrisson, c’est un être adulte que l’on doit laisser partir, qui doit vivre sa vie, à qui l’on reconnaît une individualité et une liberté propre. C’est d’un humain de dix-huit ans ou plus que l’on doit rapprocher un roman nouveau-né (je dirais quarante-deux ans, mais il y a des romans de dix-huit ans, comme de douze-ans malheureusement). Le roman naît adulte. La gestation a commencé dans l’enfance même de l’écrivain.
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