Steve Toltz est passé prendre un thé hier (nous nous sommes rencontrés chez Laurent Sagalovitsch, l’amoureux de Vancouver). Je n’ai pas lu son premier roman, le sujet est trop sensible en ce moment. Mais on m’en dit le plus grand bien, il s’appelle Une partie du tout. Comme son bouquin sort, nous avons parlé des journalistes et de nos mésaventures avec cette drôle d’espèce. Balzac leur a consacré un petit livre très bien (et drôle): Les journalistes (Arléa Poche). En tout cas, il est très gentil et d’agréable compagnie (et Australien ; il parle très bien français). On a parlé de Peanuts, de cinéma, du Faiseur de pluie de Bellow, d’Obama, d’écrire dans les cafés, de Dürrenmatt (que je découvre grâce à Jakuta). C’était léger et bienvenu après une presque journée à me battre avec mes phrases et mes idées (hum plutôt l’absence d’idées!). Ensuite je suis allé retrouver Armand de Saint-Sauveur, des éditions Intervalles, chez qui paraît (fin mars) Collection irraisonnée de préfaces à des livres fétiches, le livre collectif que Thomas Reverdy et moi avons initié et porté. Les bureaux de cette maison d’édition sont dans un endroit étonnant : boulevard Haussmann, à quelques mètres des Galeries Lafayettes (j’ai pris le ligne A du RER. Je ne vois pas l’intérêt de ce quartier -à part de ne pas permettre aux pauvres d’y habiter ; il faudrait le découper et l’échanger contre un morceau de Reijkavick -qui ressemble à un gros village de pêcheurs genre La Turballe). L’immeuble est chic, il y a des plaques de sociétés et tout ça. L’ascenseur est à la fois technologique (il parle), et old fashioned (il grince mais je crois que c’est un grincement fabriqué électroniquement -en tout cas, il est beau, il fait vieillot). Armand me reçoit, me présente à l’attachée de presse et m’offre une tisane (voilà pour ma réputation de rocker). Il me montre la quatrième de couverture. Nous en discutons, je mange deux speculoos, nous la retravaillons. Voilà une bonne chose de faite. Enfin (Thomas n’arrive toujours pas), il me montre la couverture. Elle est très bien (je voudrais dire « Elle est géniale! » mais ensuite les gens sont déçus). A la fois, informative et belle. Il y a une illustration tramée et le nom des 44 écrivains participants (je la mets sur le blog dès qu’Armand aura fait une ou deux corrections). Le livre existe, on y est et c’est émouvant (surtout que ce livre a à voir avec la lutte contre l’oubli, contre la disparition, car les livres préfacés sont quasiment tous tombés dans l’oubli). Thomas arrive, élégant, drôle, à l’aise comme toujours (il pourraît être une vraie rock star lui), mais malade. Nous parlons d’organiser la sortie, quoi faire, comment… Il devrait y avoir une soirée à la librairie « A tout lire » (avenue Daumesnil) qui nous avait ouvert ses portes pour une réunion (nous allons leur en parler) et on aimerait faire un truc festif dans une salle (je suggère Aux Sportifs Saint-Martin près de gare de l’Est, mais je crois que Thomas et Armand ont en tête des endroits plus grands et plus chics. On verra). Nous sortons célébrer le livre en buvant du whisky et du chocolat chaud. Lidell connaîtra bientôt ça, j’espère qu’elle nous tiendra informés. La soirée s’est poursuivie par un spectacle de buto, une amie jouait dans la pièce. C’est un genre de danse exécuté par des hommes et des femmes poudrés (on dirait des zombies, apparemment l’invention récente du buto a un rapport avec les explosions atomiques au Japon), l’effet est hypnotique, un peu comme pour la Pagode à Rio. Pas mal de choses restent obscures (pourquoi certaines danseuses se sont mises poitrines nues et pas d’autres ? le string du chef des danseurs…). Tous étaient maigres et musclés, comme des cadavres dansants, et c’était en même temps érotique. Etrange. Un peu long (deux heures). Bande-son aujourd’hui, Louis Armstrong, Bill Withers et Cartola (il faut écouter cette chanson : Preciso me encontrar). Thés : Tie Gwan Yin torréfié 2005 et brique de pu-er CNNP de Yunnan 2000. J’ai enfin une casserole à l’atelier. Faire du riz au micro-onde était un exercice générateur de trop de catastrophes. Message de mon frère : on regarde Le Feu-Follet chez lui ce soir. Chouette.
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