Parfois on a envie de renverser son bureau (c’est ce que me disait Aude, et je suis d’accord), parce que se mettre à travailler c’est douloureux, travailler c’est douloureux (mais ne pas travailler est encore plus douloureux -je ne sais plus de qui est cette formule). Et puis, alors que l’on peine sur une simple phrase, petite mais qui provoque un embouteillage, tout d’un coup tout va bien, la tempête est passée, les choses s’ordonnent, une aimantation se produit et la pointe du stylo ou le curseur de l’ordinateur attire idées et images. Le travail (en tout cas, le mien) est une chose merveilleuse qui me sauve à chaque instant, même quand ça me désespère. Je soupçonne cette récurrente douleur à me mettre au travail comme étant un masque de la paresse. Je ne sais pas. Le livre pour l’Ecole des Loisirs avance (le personnage principal, un collégien, a trois amis maintenant) et je me remets à mon nouveau roman pour l’Olivier (qui devrait sortir en janvier 2010). J’ai rendu ce matin la dernière version de la préface à un essai peu connu de Wilde qui va sortir au printemps. C’est un peu rageant, j’ai passé une semaine à écrire une préface de trois pages. En fait, ça doit être ma vitesse. Dans le volume, il y aura un court inédit de Hofmanstahl sur Wilde (génial). Et la traduction est de Diane Meur (il faut lire les livres traduits par Diane – également écrivaine – ils sont passionnants, il y a par exemple Le Livre de la mémoire de Carruthers, que je n’ai toujours pas terminé). Il n’y avait personne à l’atelier aujourd’hui, alors j’ai pu déambuler et m’asseoir dans différents fauteuils pour boire du thé, écouter la musique fort, regarder la Seine de toutes les fenêtres, lire (on m’a offert L’Ethique à Nicomaque et j’avance doucement, je ne comprends pas grand chose et je ne retiens rien). Je n’accroche pas au nouveau Chabon, ça me rend triste. J’aime tellement ses précédents romans. Une péniche passe et illumine l’atelier. La lumière se glisse à travers les volets (pourtant ouverts, mais la lumière est persévérante -tiens ça me donne envie de lire le Temps des Cathédrales de Duby et tout le truc sur la théologie de la lumière). Mon dentiste m’a envoyé une carte de voeux, il faut que je lui réponde. Il est très gentil. Ma psy ne m’a pas envoyé de carte de voeux, et c’est normal (n’est-ce-pas?). Que font mes autres médecins ?