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Jocelyne Porcher

J’ai donc été face-à-face avec Jocelyne « Je tue ceux que j’aime » Porcher, ancienne éleveuse et sociologue à l’INRA.
Je ne m’attendais pas à ça.

J’y allais détendu, après tout, je déteste les conflits, je fuis les discussions trop violentes. Je ne comptais pas m’énerver.
En général, je débats avec d’autres véganes/animalistes (c’est quand plus sympa de se disputer avec des gens dont on est proche), parfois avec des *omnivores*, rarement avec des carnistes/spécistes.
Donc c’était une première pour moi : échanger avec quelqu’un dont les positions sont radicalement opposées aux miennes. Je savais qu’on ne résoudrait pas ça, mais je pensais qu’on pourrait montrer au public à quoi tiennent nos différences.
Erreur.
Ça a été la guerre.
La technique réthorique de Jocelyne Porcher c’est une réthorique accusatoire. Principalement (et elle me regardait en disant ça) :
« Vous n’aimez pas les animaux »
 » Vous voulez la disparition des animaux »
« Vous êtes des alliés des industriels et du capitalisme »
« Vous ne connaissez pas les animaux »
C’était si violent (et franchement : stupide) que ça m’a désarçonné. C’était tellement excessif et à côté de la plaque, tellement malhonnête et caricatural. Bien sûr Jocelyne Porcher n’avait pas lu mon livre (j’avais lu un des siens) : c’est plus simple si on a l’ambition de dire des conneries et d’être agressif.
C’est très bizarre quand quelqu’un vous regarde et vous pointe du doigt en vous accusant, le réflexe est de se justifier. C’est ce que j’ai fait, et je n’aurais peut-être pas dû. J’aurais du hausser les épaules et la tourner en ridicule (ce que j’ai fini par faire à la fin du débat – elle n’a pas apprécié, ah oui l’humour : pas son fort).
Au final, elle a été habile, Jocelyne, car ses attaques m’ont déstabilisées. Pas fair play, mais efficace dans la guerre argumentaire. Ce qui l’intéressait c’était de frapper.

J’ai donc répondu, pour le public, j’ai dit « Les véganes aiment les animaux » c’était si absurde de le rappeler. J’ai parlé du dernier numéro de Véganes magazine dans lequel s’expriment des véganes qui justement ont recueilli des animaux (écureuil, chats, lapin, chiens, rat je crois, etc…), des animaux qu’ils aiment et dont ils prennent soin. J’ai parlé des refuges pour animaux sauvés des abattoirs, comme Groin-Groin. De toutes les militant.e.s qui donnent du temps à s’occuper des animaux abandonnés, de toutes celles et ceux qui sensibilisent à la cause animale, qui informent le public, proposent des alternatives, pensent la question animale, etc.
Bon, je ne vais pas détailler l’ensemble du débat avec Jocelyne Porcher (enfin : ses attaques, mes contre-attaques), vous voyez l’idée. (Alliés des capitalistes ? Pourtant c’est une société capitaliste qui attaque les animalistes, les condamne, qui refuse de les informer sur la nutrition, pourtant les véganes ont une importante réflexion sur les déserts alimentaires, sur la nourriture végétale locale et bio…//Faire disparaître les animaux ? Alors que c’est l’élevage qui a réduit le nombre des espèces animales, alors que c’est la consommation de viande qui participe en première place au réchauffement climatique. C’est tellement absurde.)
J’ai rappelé, que non, les véganes ne voulaient pas la disparition des animaux (whattttttt?), c’est même le contraire de notre projet, et qu’il est possible d’avoir des relations avec les animaux sans les manger, on peut même collaborer ensemble, se côtoyer, communiquer. Tout est à inventer. J’ai parlé de Zoopolis, bien sûr, et bam ! Jocelyne Porcher m’interrompt et me reproche de ne pas avoir lu son dernier livre à elle, qui selon elle, propose la même chose (je rêve) que Will & Sue. Puis elle ajouté que Will Kymlika était d’accord avec elle, et qu’il n’était pas abolitionniste (terme que je refuse d’utiliser mais qu’elle voulait me coller sur le dos). C’était très malin et pervers, car en faisant des auteurs de Zoopolis (en fait elle n’a cité que Will K, elle a oublié Sue D.) ses alliés, elle me mettait des bâtons dans les roues. Pas très loyal, et mensonger, quand on connait les positions de ces auteurs.
Pendant le débat, on a bien compris que pour JP, tuer des animaux était la condition pour bien les connaître et bien les aimer (j’espère qu’elle est célibataire et qu’elle n’a pas d’enfants). Je rêve. D’ailleurs, sa position était tellement incohérente et violente, que quelqu’un, excédé, s’est levé dans la salle pour le lui faire remarquer.
Jocelyne Porcher est une référence pour une partie viandarde de la gauche écologiste qui reste attachée à son steak et à son poulet bio et qui n’a pas envie de voir que les animaux préfèrent vivre plutôt que de finir dans nos assiettes, la gauche qui tient à ses privilèges en somme (ça paraît contradictoire, hein ?). Le poulet de petits producteurs, une oppression bio et de petits producteurs en somme c’est quand même plus sympa. La mort c’est tellement de gauche quand elle est donnée chez soi, vive le massacre artisanal. Navrant.
Expérience pas très agréable. Comme quoi la violence des carnistes se retrouve dans leur violence réthorique et leurs accusations délirantes.

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