Parmi les beaux livres de la rentrée, il y a bien sûr Incidents voyageurs, de Dalibor Frioux dont j’ai déjà parlé. Mais aussi La part des nuages, de Thomas Vinau et La condition pavillonnaire, de Sophie Divry.
Ce pays n’est pas tendre avec les romans complexement politiques. Ce qui gêne, ce qui choque, ce dont on ne peut pas parler, ce n’est pas de la politique des partis, mais c’est de la politique de nos vies. On voit en revanche le succès des romans historiques. Mettons la politique dans le passé. C’est plus sûr. Alors pas de débats, pas de discussions, pas de critiques passionnées. On ne va pas parler rapports de forces, on ne va pas parler blessante vie quotidienne. Les écrivains sont priés d’être sages, ou bien de faire le spectacle du scandale. Rien de nouveau, les artistes et les écrivains ont de tous temps eu à se battre contre le temps présent. Il n’y a pas de passé. Nous sommes contemporains de toutes les luttes, ces luttes pour simplement vivre et inventer nos vies.
Montesquieu : « Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse ; l’égalité qui était entre eux cesse et l’état de guerre commence. »
Débrouillons-nous avec cette guerre de la vie quotidienne. La dire. S’en sortir, parer les coups, survivre, ruser (pas d’autre victoire possible), aimer, créer, trouver des alliés.
Deleuze écrivait : « Il n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer, mais de chercher de nouvelles armes. »
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