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Vivre à la campagne c’est découvrir le fioul

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Vivre à la campagne c’est découvrir le fioul.
Avant, quand on vivait en ville, le chauffage c’était ce truc magique qui sortait des radiateurs.
Pendant longtemps, tant que j’ai été célibataire à Paris, je ne mettais pas de chauffage chez moi en hiver, je bossais en atelier, j’étais peu dans mon studio, donc dormir avec 12 degrés n’était pas un problème. L’amour a changé tout ça et j’ai commencé à chauffer.
À Nantes, on habitait un immeuble surchauffé (23 degrés en hiver), pour une raison que j’ignore (nous faire mijoter). C’était absurde. Mais bon le chauffage était collectif et les boutons des radiateurs ne fonctionnaient plus. Hey, dîtes donc les législateurs, si on régulait la température des immeubles, on ferait de sacrées économies.
Depuis que nous vivons à la campagne, nous avons fait connaissance avec la chaudière au fioul. C’est un gros machin carré rouge passé qui donne des allures de bateau à la maison, ça a un côté antique, industriel, j’aime bien ça, ça fait Jules Verne. Elle marchait bien, ronflait comme un tororo bienveillant, et bam, dimanche elle nous a lâché. J’ai regardé les prix des chaudières et j’ai prié prié de ne pas avoir besoin de la changer (on passera au gaz quand on changera je pense). Lundi matin, Coline et moi sommes allés acheter un radiateur bain d’huile pour mettre dans la chambre de Cyrus (dimanche nuit on a dormi dans sa chambre pour lui faire de la chaleur humaine, et Coline avait mis cinq pulls).
Finalement, un réparateur est passé, très rapidement, ce matin, diagnostic : pas assez de fioul dans la cuve à fioul sous le garage. Pourtant le niveau indiquait qu’il en restait. Mais, expliqua-t-il : le truc qui aspire le fioul ne va pas au fond de la cuve pour ne pas attraper des impuretés. Il faut donc remplir la cuve même si elle n’est pas vide, c’est la loi de la nature des cuves à fioul. On a signé un contrat d’entretien (gling gling 150 euros par an). Quelques heures plus tard, une autre société envoyait un camion citerne pour mettre un tuyau dans la cuve (gling gling 700 euros). Tout est rentré dans l’ordre. Ça sent un peu le fioul dans le garage, ce qui donne un air d’aventure à toute la maison. On est en voyage. Ah autre bonne nouvelle : le réparateur pense que notre chaudière de 20 ans d’âge pourra durer encore autant.
Une pensée pour toutes celles et tout ceux qui ne peuvent pas chauffer chez eux, et il y en a pleins avec des enfants. Il y a des enfants, dans notre riche pays, qui ont froid, et je ne comprends pas que ça ne provoque pas une révolte, qu’on accepte, qu’on accepte des partis politiques qui acceptent ça et que certains votent pour eux. Que le chauffage ne soit pas un droit humain est scandaleux. Non ce n’est pas scandaleux, c’est juste déguelasse.
Et je me dis qu’avec nos vies précaires pas salariées, Coline, Cyrus et moi ne sommes pas à l’abri d’hiver passés sous cinq pulls et sans chauffage.