Les séparations ne sont jamais simples. Si elles ont eu lieu, c’est qu’elles étaient nécessaires. Trouvons-y des avantages : par exemple, c’est l’occasion de voir les personnalités se révéler : quel va être le discours sur ce départ ? De la part de l’auteur, de la part de l’éditeur. Une amie me racontait que l’éditeur quitté récemment racontait partout qu’elle était partie car elle refusait de travailler ses textes, elle refusait les conseils. Classique. Il faut que celui qui part soit coupable. Il faut qu’on justifie le départ, qu’on se dédouane. Soyons optimistes : les séparations ne coupent pas forcément les liens, et puis de nouvelles rencontres sont là.
J’ai quitté les éditions de l’Olivier parce qu’on m’a refusé un livre (c’est plus simple de partir dans ce cas-là, quand on se sent rejeté). Pour des raisons qui demeurent mystérieuses. Il y a quelque chose qui a heurté, manifestement. On y verra plus clair dans quelques années. Ce livre est un essai sur l’écriture et la condition d’écrivain, il sort dans quelques jours : Manuel d’écriture et de survie. Mon prochain roman ne sera donc pas aux éditions de l’Olivier, je l’ai promis à ma nouvelle maison d’édition. J’étais bien à l’Olivier, il y a des gens biens qui y travaillent, et c’est une maison qui n’est pas dans la surproduction, les éditeurs bossent vraiment et aiment leur métier. Il y avait un attachement. Je ne suis pas triste, non, mais un peu mélancolique. Les choses pourraient se passer différemment. Souvent je ne comprends pas pourquoi une maison (un éditeur) refuse le manuscrit d’un écrivain qu’elle suit depuis des années. Dans les cas que je connais, ça n’a pas de sens (je pense à Hubert Mingarelli, par exemple). Et puis, parfois ce sont les éditeurs qui partent, comme Alix. Mais au final, rien de grave. Au contraire, les choses s’éclaircissent.
Un écrivain ne peut pas faire son deuil d’un livre écrit. Il se battra pour le faire publier. Un refus, c’est le signe que quelque chose dans la relation ne va pas. Alors partir est nécessaire. C’est un voyage et c’est forcément mouvementé au début.
Je me pose aux éditions du Seuil. Mon éditeur s’appelle Frédéric Mora et j’espère rester un moment dans cette maison. J’aime l’idée de collectif, de liens noués, et d’aventure pérenne. Mais avec le temps, un écrivain comprend que ces choses-là ne dépendent pas uniquement de lui. On verra.
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