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ce qu’on faire dire aux mots

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Une femme parlait de « ces bobos à vélo qui prennent possession des rues de Nantes ». Des envahisseurs. Alors forcément j’ai mal pris la chose. « Bobo » a perdu le maigre sens qu’il avait. Souvent il sert à désigner ceux que l’on aime pas et qui ne portent pas de costume. C’était renversant d’écouter cette femme se plaindre de ceux qu’elle appelle les « bobos », mais qui ne sont que des jeunes gens à la limite de vivre sous le seuil de pauvreté, alors qu’elle même gagne très bien sa vie. Ça existe les « bobos », les bourgeois on appelle ça, dans leur dernière évolution : cools, décontractés, un peu artistes et si préoccupés du monde mais entretenant le système. Mais la plupart des gens que je connais sont davantage des probos, des prolétaires bohèmes, qui ne savent pas comment ils vont payer leur loyer dans deux mois. C’est la dernière ruse de la bourgeoisie que d’accuser une catégorie luttant pour s’en sortir modestement d’être des bourgeois bohèmes. Ce que l’on ne leur pardonne pas à ces plus ou moins jeunes gens, c’est leur modestie, leur absence d’ambition arriviste, leur quiétude, leur tentatives d’inventer d’autres choses, d’autres modèles politiques, et la liberté qu’ils se sont donné d’essayer de faire ce qu’ils aiment (et de très mal en vivre) (j’imagine que c’est ça qu’on leur reproche finalement). Le problème ce n’est pas les bobos et les hipsters, ils sont là depuis toujours, sous des costumes différents, mais l’usage que l’on fait d’une langue, et ces mots dont on kidnappe le sens. Le nerf de la guerre ce sont les mots.

J’ai quitté twitter après un mois de présence. Pas mon truc, je ne comprends vraiment pas. Sinon j’ai lu Paris la nuit de Jérémie Guez, un polar, court (moins de 100 pages), mais dense (ça me fait penser à une écrivaine qui me disait vouloir écrire un « gros livre », ahah, mentalité de spectateur de films pornos). Un braquage et ses conséquences, une dérive, belle voix intérieure, « Je suis sur les nerfs et je peux sentir toutes mes dents se dresser dans ma bouche » (je préviens : je connais un peu l’auteur).