Une pétition circule pour protester contre la hausse de la tva sur le livre (celle-ci passant de 5,5% à 7). Rappel : le taux normal de tva est de 19,6 %, la tva sur le livre reste réduite. Pas assez réduite : en Angleterre, elle est à 0%. Mais cela ne devrait pas concerner que le livre : il faut que tous les produits de nécessité ne soient pas du tout taxés par la tva, c’est-à-dire l’eau, le gaz, la nourriture, les livres les disques, les films… Le combat à mener est contre l’existence même de la tva, car c’est l’impôt le plus injuste. Le reste est un combat à court terme (note du 10 novembre : j’ai supprimé les mots « corporatistes » et « égoïstes », inappropriés et qui font perdre de vue le sens de mon propos, et que j’adressais aux auteurs, chers amis libraires, cf. suite du texte). Les auteurs sont des précaires, alors rejoignons le combat des précaires, d’une société entièrement en voie de précarisation (et quand je dis « rejoignons » je ne parle pas de choses éclatantes, mais déjà ayons un discours clair sur ces sujets-là, un propos qui englobe toute la société). Je viens de lire le texte de la pétition (ici). Le discours sur « le livre n’est pas un objet comme les autres » me gêne profondément. Une table fabriquée par un ébéniste non plus n’est pas un objet comme un autre, un violon non plus. Plus que l’objet, c’est la manière de le faire qui compte. Battons-nous pour que tout le monde soit traité et payé convenablement (ajout du 10 novembre : ce qui veut dire : pour que les libraires, les éditeurs et les auteurs, parmi les autres, puissent faire leur métier dans de bonnes conditions). L’inaction sous la bannière « moi je ne fais pas de politique » me pose problème. Les auteurs qui ne défendent que leurs droits me posent problème. Tant que chacun restera dans son coin, rien ne changera. Profitons de cette hausse de la tva pour défendre les autres aussi, pour parler d’une même voix.
Pour me calmer, j’ai fouillé dans mes boîtes de thé et j’ai redécouvert un si ji chun de Zhu Shan (Taïwan), récolté fin décembre 2008. Trois ans ! et il est parfait. Frais et confit. Waou, c’est bon.
Et bordel : je veux que les livres restent des objets comme les autres, si les autres objets sont bien faits : des objets extraordinaires. Qu’ils soient familiers, doux, tendres, pleins de surprises et de chaos. Qu’ils ne fassent pas peur. Qu’ils soient accessibles. La sacralisation de l’art est une blessure faite à l’art. Que tous les objets « comme les autres » soient le fruit d’un artisanat, le résultat d’une passion ça me semble une belle ambition.
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