C’est peu dire que je ne me trouve pas à l’aise dans ce monde de l’édition, même avec ceux qui me soutiennent. Pour être passé à un cocktail il y a quelques mois lors de l’anniversaire d’une maison d’édition, je n’ai eu qu’une envie : mettre du lsd dans leur vin rouge bio. Une météorite qui écraserait tout. Un tremblement de terre. Je me sentirai toujours plus à l’aise avec les freaks & geeks qu’avec les petits bourgeois surdiplômés du monde artistique. La littérature blanche ce n’est pas ma place. C’est trop chic, trop bien élevé. Qu’est-ce que je fous là ? Dans un milieu dont les rapports me déplaisent, dont la violence structurelle m’horrifie, dont les buts de reconnaissance sont dérisoires. Derrière les bonnes manières et les références cultivées, il n’y a que rapports de force et prestige vide de sens. Je n’ai pas ma place ici, m’y trouver est un accident, ce n’est pas mon monde. Il me reste à me l’inventer, ou à continuer à être un contrebandier. Être un contrebandier, c’est chouette, on survit, mais ça fatigue. On rêve parfois d’une île où accoster. Mais peut-être que ça sera partout pareil, et qu’être étranger, aux groupes, aux maisons, aux milieux, c’est ce que je suis, c’est mon identité.
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