Je viens de recevoir un email. Quelqu’un me propose un échange de liens : il mettrait un lien vers mon site sur le sien, et en échange je mettrais un lien vers son site sur le mien. Je lui ai expliqué que les seuls liens sur ce blog, sur mon site aussi, venaient de rencontres, d’amitiés. Pas de tractation. Ce garçon ne pensait sans doute pas à mal, mais je ne suis éberlué par cette manière de faire.
Une critique m’envoie un message sur facebook il y a quelques jours. Elle m’informe qu’elle a écrit un article sur De la pluie. Elle me précise qu’elle l’a trouvé « assez faible ». Je lui réponds qu’elle est libre d’écrire ce qu’elle veut, mais que me faire parvenir un message personnel pour m’informer de ses sentiments à l’égard d’un de mes livres, ce n’est pas nécessaire. J’essaye de me tenir à l’écart de la critique, négative comme positive, alors qu’on ne me les expédie pas. La critique répond à ma réponse : elle ne m’a écrit que par pure politesse (je cite « Merci de ce message, le mien n’était que pas pure politesse », au passage c’est un joli lapsus). Je lui réponds que je suis étonné que la pure politesse consiste à informer un auteur qu’on trouve un de ses livres « faible » (bon, et le vocabulaire de la force et de la faiblesse…). Que la critique vive sa vie, je n’ai rien à en dire, mais que l’on me laisse vivre la mienne sans lien avec celle-ci, et si on ne comprend pas mon choix, qu’on le respecte. J’ai enlevé cette femme de mes « amis » facebook. Je ne sais pas si j’ai bien fait. Cela a été un réflexe de protection. Les amis facebook ne sont certes pas de vrais amis, mais au moins que les rapports restent corrects. Je ne connais pas cette dame. J’imagine qu’il y a une part de malentendu dans cette histoire, nos messages ont été très cordiaux, elle est sans doute gentille, ça doit être de la maladresse. Mais depuis des années, je travaille à me construire une vie tranquille. Il y a trop de tremblements de terre en moi, j’essaye de les éviter à l’extérieur. Il faut se protéger.
C’est peu dire que je me sens dépassé et en inadéquation avec beaucoup des rapports humains, le jeu social. Il faut travailler à s’entourer de gens doux et justes (et cela n’empêche pas la critique), bienveillants. Je me souviens d’une interview il y a deux trois ans avec une journaliste. Elle m’avait posé les classiques questions de Proust : qu’elle est votre qualité préférée chez un homme ? chez une femme ? J’avais répondu la gentillesse. Elle avait éclaté de rire et s’était moqué de moi. Symptôme de cette époque ou de toutes, je ne sais pas. Tant pis pour elle. Mon départ de Paris n’est pas sans lien avec la dureté des rapports humains dans cette ville. Le cynisme, le sarcasme généralisé, les rapports de force, se vendre, conquérir, plaire, gagner, l’arrivisme, les amitiés utilisées, les réseaux. On s’en fout de tout ça. Alors partir, et s’inventer une vie ailleurs, plus civilisée. Je pense depuis un moment quitter la France. Pour je ne sais pas où. Le Canada peut être. Pour un pays sans doute pas moins violent socialement, mais où les rapports entre les gens sont empreints de politesse, de bonnes manières, de civilité, de candeur, d’élégance relationnelle. Nantes, c’est déjà un peu ça. On verra. Je crois qu’il faut que je m’invente ma vie à la campagne, même en pleine ville.
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