Ces temps-ci je lis Qu’est-ce que l’hypnose ? de François Roustang.
« Seule l’imagination peut ignorer la séparation et l’isolement des choses, ainsi que leur rejet mutuel, pour les saisir dans leurs échanges et leurs correspondances, c’est à dire comme tonalité. »
« Lorsqu’elle se tourne vers le réel, l’imagination ne repousse rien : elle est l’efflorescence de la veille généralisée. En effet, elle ne s’éteint jamais, éclairant nos nuits par les rêves, plus utiles que les informations de nos yeux et de nos oreilles pour nous révéler ou et ce que nous sommes. Elle éclaire nos jours par son bondissement au-delà ou en-deça des objets déterminés et par le surplomb qu’elle autorise de nos existences. En laissant venir cette note qu’elle inclut dans l’ensemble de la partition, l’imagination est réaliste, elle est même seule à être réaliste, puisqu’elle propose un univers infiniment plus riche que celui présenté par l’attention à ce bras, cette main ou cet archet. Elle est ce qui résiste à la réalité préformée et c’est pour cela qu’elle est capable de la transformer. Quand notre imagination, avec son pouvoir de configurer un monde, sert de résonance à la réalité globale, infiniment plus complexe que la réalité précédemment balisée, notre réalité se modifie. Nous disposons donc en elle de quoi nous mouvoir allégrement dans tous les systèmes de références déjà codifiés. »
« Mais lorsque la mémoire transfère son contenu dans l’imagination, le pouvoir de celle-ci peut y produire de nouvelles combinaisons. Donc, en un sens, le passé est indéfiniment transformable, si bien que notre histoire se renouvelle en permanence et qu’elle peut être renouvelée activement et radicalement si nous laissons agir le pouvoir de l’imagination. »
C’est un essai passionnant, F. R. met des mots sur des choses informulées, le réel en possibilité, tout s’étend et bouge, c’est troublant et stimulant. Les livres sont des phénomènes géologiques.
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