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créer une proie qui s’échappera

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Quentin Faucompé, Alix (éditrice), Maëva (assistante) et moi avons passé l’après-midi de lundi à placer les dessins au sein des histoires. Impression de construire une architecture, collectivement, c’était très agréable.

Soirée d’adieu à l’atelier du 29 quai Saint-Michel. Mon bureau y a été installé pendant plus de deux ans. C’était plus chez moi que mon propre appart, j’y étais de 9 heures à minuit tous les jours de la semaine, le week-end. Sortir de chez soi pour écrire c’est vraiment pas mal. Et puis comme c’était un atelier collectif, j’ai eu des collègues variés, des graphistes, une metteur en scène, une auteur, une scénariste, et bien sûr des photographes (l’atelier Myop). Déménagement avec Laurent. Nes, Balthazar et l’Anonyme nous attendaient devant chez moi pour décharger la camionnette louée pour l’occasion. Deux voyages ont été suffisants. Puis j’ai invité tout le monde au Terminus Nord, brasserie typique, on se serait crut dans un morceau d’histoire. Le soir émission de radio pendant laquelle j’ai brillé par mon silence. En fait c’était une émission consacrée à Benoît Duteurtre et je ne le savais pas, je n’avais rien préparé. Et comme les deux autres invités (Dominique Noguez et Sébastien Lapaque -nous avions été choisi par B. D.) sont des rhéteurs hors pair, et comme je ne comprenais pas quel était mon rôle j’ai joué le rôle du fantôme (ce qui me va bien). Enfin Benoît Duteurtre a parlé de mes livres, c’était très gentil et j’ai parlé de Evelyn Waugh et Chesterton. Mes interventions n’ont pas eu grand intérêt et ça devait s’entendre que j’étais mal à l’aise et dépassé. Mais c’était très sympa. Et puis l’animateur Ali est mon voisin dans la rue Doudeauville (tiens un nouvel immeuble a poussé à l’angle de la rue des Poissonniers c’est gris et terrifiant, ça doit être une prison ou un centre de retraitement des déchets nucléaires). Pour en revenir à cette histoire d’atelier, Jakuta et moi avons en tête d’en ouvrir un, de créer notre propre atelier auquel on donnerait un nom super cool. On verra ça en octobre.

Ah enfin découverte de ces fameux thés au lait et aux perles (de tapioca) chez Zen Zoo C’était bien bon. Dès que je rentre à Paris je vais recommencer à m’approvisionner chez Tang dans le 13°. Ce jour là j’ai acheté (j’étais guidé dans ce quartier) des pâtes coréennes en sachet (sans glucamate/MSG, quelle découverte), un porte-plume, deux plumes, un nouveau carnet de dessin adapté à l’encre (mais pas de lay out comme me le conseillait Sandrine B., on verra plus tard, là je m’entraîne), et un flacon d’encre de Chine Sennelier. Je découvre que dessiner à la plume est tout simplement génial (mais non dénué de risques!).

Rendez-vous etc, une tonne de courrier, des chèques à encaisser, le nouveau roman de Thomas B. Reverdy (L’envers du monde, éditions du Seuil). Librairie : j’ai acheté les deux Leonard Michaels sortis cette année chez Bourgois, le dernier roman de Lola Lafon (dont j’avais adoré Une fièvre impossible à négocier) De ça je me console, ainsi que James Grady. Cinéma : Toy Story 3 à l’UGC (séance amputée du court métrage qui accompagne traditionnellement les pixar, et après les exploitants vont se plaindre du piratage des films sur internet), puis Les moissons du ciel (Days of heaven). Alors bien sûr le Malick est génial, et brasse beaucoup de choses, amour, classes sociales et surtout il y a ce personnage de petite fille narratrice, (Linda) ses monologues sont magnifiques et déchirants.

I’ve been thinking what to do wit’ my future. I could be a mud doctor. Checkin’ out the eart’. Underneat’.

Wasn’t no harm in him. You’d give him a flower, he’d keep it forever.

Ce sont des moments comme ça qu’on cherche, qu’on poursuit et qu’on chérie. Tout bon film, tout livre qui me touche, toute musique que j’aime me donnent une énergie folle, ils nourrissent ma faim, l’aiguisent. J’ai faim, mon dieu et je cherche une proie qui pourra apaiser mon appétit. La proie on se la fabrique, on la dessine devant soi, c’est une ébauche qui peu à peu gagne en précision, en beauté à mesure qu’elle prend son indépendance. C’est une étrange condition, créer quelque chose qui doit me rassasier et qui au final m’échappe. Je m’entraîne à la faim, car c’est cela que j’aime, je veux persévérer dans cet art et avoir des appétits étonnants, excitants, aventureux.

En marge (disons c’est un chemin de promenade) de mes deux livres actuels j’écris un  petit livre qui devrait être publié par Merz & Solitude (la maison d’édition associée à la résidence d’artistes). C’est un livre qui met en scène Beckett. Pas sûr qu’il sortira en France (mais peut être des éditeurs français seront intéressés, ne désespérons pas).

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