Il faut être vigilant quand on prend son petit déjeuner : je m’étais levé pour aller prendre un verre de jus de kiwi et un serveur avait entièrement débarrassé ma table, mon thé, mon journal. Quelle efficacité. Un jour on nous épargnera même le loisir de prendre notre petit déjeuner, une machine le fera à notre place, mieux, plus vite.
Rencontre-débat avec une écrivaine coréenne, Kim Soom (ses livres ne sont pas encore traduits en français). Ces derniers temps j’ai découvert des écrivains coréens (Zulma en publie plusieurs, Picquier aussi), j’en reparlerai. On m’a demandé ce que j’aimais dans la littérature coréenne, j’ai répondu la nationalité ne me semblait pas le caractère important de ces écrivains que j’aime (et que ça m’était égal la nationalité). La semaine dernière débat à la Staatgalerie de Stuttgart sur le sujet pour le moins etonnant « Littérature européenne, rêve ou réalité ». Bien sûr j’ai dit à quel point un tel sujet m’était incompréhensible (c’est grotesque) et j’ai parlé politique. C’est bien beau de défendre la culture, l’héritage des Lumières, mais pour que les gens lisent, aillent au cinéma, au musée, créent eux-même, il faut du temps et de l’argent. Et cela passe par des combats politiques. Se réjouir de l’argent données pour les traductions, se réjouir des aides, et s’arrêter là, c’est un problème. J’ai parfois l’impression qu’on achète le silence des artistes (mais j’ai l’esprit peut être mal tourné). Dès que j’ai abordé la question politique (et son lien avec l’art) j’ai eu l’impression qu’on trouvait que je n’étais vraiment pas bien élevé. Cela n’a suscité aucune réaction. On s habille facilement du costume des idées des Lumières mais on ne parle pas politique, on oublie, c est pratique, que des écrivains et des philosophes se sont engagés, se sont battus. C’est irritant tous ces gens qui aiment tellement les Lumières et qui se plaignent du manque de curiosité du public et du faible niveau des étudiants. Et puis j’ai parlé de Roberto Saviano. Voilà un écrivain européen, en danger, un excellent écrivain, politique qui nous parle de la mafia certes, mais surtout de l’imbrication du capitalisme et de l’économie illégale. Mais cela n’a pas intéressé grand monde.