Il paraît que le livre est en danger. On apprend la nouvelle en lisant les journaux, en écoutant la radio. L’origine de ce danger serait internet ; souvent on identifie même le criminel en chef : google. Mm… On verra, on verra, mais je ne crois pas. En tout cas ce n’est pas google qui m’inquiète. Je crois que ce qui met réellement en danger les livres c’est la violence du milieu littéraire. Ce n’est pas nouveau. Je crois que des écrivains, des éditeurs, des journalistes, des libraires, malmènent bien davantage la littérature que tous les moteurs de recherche du monde. Il y a une violence dont on parle peu, ou alors en petit comité. Ce qui met en danger le livre c’est le népotisme, les amitiés intéressées, les réseaux, les libraires désagréables, les articles écrits sans avoir lu le livre, les écrivains mondains et arrivistes ; la bêtise, la violence, le manque de professionnalisme, l’esprit de sérieux et la prétention. Pas google. Les bons livres ont de tout temps été en danger. Rien de nouveau à ça ; c’est leur nature, ils sont fragiles et différents. Je ne suis pas si pessimiste : on peut compter sur d’autres écrivains, éditeurs, journalistes, libraires, en face, ou à côté, qui ne collaborent pas à ce système et qui agissent décemment et élégamment.
En tout état de cause, le livre ne meurt pas plus que d’habitude. S’approchent de la mort par contre les écrivains qui croient incarner le roman. Philip Roth disait qu’il n’y avait plus de lecteurs pour le genre de livres qu’il écrivait, ce à quoi une de mes amies a très justement dit que Roth voulait emporter la littérature dans son tombeau. Dans le même genre de prédiction d’apocalypse je ne sais plus qui parlait de la mort du cinéma. Quand la fin d’un homme signifie pour lui la fin d’un art pour l’humanité entière. Il y aurait un roman à écrire sur ce thème.
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