Un ami me laisse un message il y a quelques jours, message que je ne trouve qu’en arrivant à Paris. Je le rappelle et il me dit qu’il va mieux. Je ne savais pas qu’il allait mal. Il était persuadé que j’étais au courant de son opération du cœur, puis de ses deux accidents vasculaires cérébraux, du coma, de ses infections nosocomiales. Non je ne savais pas, je suis abasourdi. Mais tout va bien maintenant. Cela s’est passé cet été. Il a vécu plusieurs enfers. Mais il remarche. Il me dit qu’il aurait du mourir plusieurs fois, que les médecins n’en reviennent pas. Je n’avais pas de nouvelles je pensais qu’il travaillait, qu’il s’était retiré dans son manoir du Morvan pour un autre livre (un roman venait de sortir en septembre). Lui pensait que je savais, car tout le monde était au courant, on en a parlé dans la presse. Mais je ne connais personne à Paris et je ne dois pas lire les bonnes rubriques des bons journaux. A une époque d’ultracommunication, on en fini par penser que les choses se savent, automatiquement, comme si l’information était douée d’une conscience propre, et trouve forcément son destinataire. Mais cela tient aussi à ma position, à la marge, je ne fréquente pas les groupes, les salons, les dîners. Je suis comme à la campagne à Paris, je me suis inventé mon Morvan. Je lui rends visite en janvier. Il s’appelle Gérard Oberlé, c’est un ami fidèle et j’aime ses livres. Le temps passe, nous sommes si solides et si fragiles, ne pas oublier de dire aux gens que nous aimons que nous les aimons.
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