Entretien avec Marcel Wehn, un documentariste allemand (assisté d’un caméraman, aidé par Liliana une fellow qui parle français et allemand). Questions très générales au départ avec lesquelles je me débats : « Pourquoi es-tu devenu écrivain? », « Où trouves-tu tes idées ? »… Questions impossibles. Un peu l’impression qu’on a posé une montagne devant moi. Mais c’est intéressant d’être déstabilisé, de ne pas savoir. Moment de silence, je suis confus et dubitatif. Puis comme un alpiniste face à cette montagne impossible, je plante mon piolet, je tente de former une réponse possible à une question qui demanderait toute une vie. C’est un peu désordonné, mais rapidement ça va, je trouve quelque chose à dire, des idées viennent. On parle des personnages aussi (« Où trouves-tu tes personnages »). Ce sont des questions impossibles et très classiques (des clichés), mais peu importe on peut en tirer des choses intéressantes. A chaque fois je pousse ma réflexion dans un angle différent. Une question c’est un prétexte. Nous sommes bien obéissants, d’anciens élèves, alors dès qu’on nous pose une question nous sommes tentés d’obéir à cette injonction, de suivre le chemin qui est déjà amorcé en elle. Ce n’est pas parce qu’on nous présente une montagne qu’on est obligé de s’y attaquer. Si nous le désirons une question est un prétexte. C’est une manière d’établir un dialogue, un échange entre l’écrivain et le journaliste/documentariste. Il ne faut pas les prendre aux sérieux, les questions. C’est une amorce. Et puis, c’est à l’écrivain de se sentir libre de ne pas répondre, de prendre un virage et de parler d’autre chose. Il reste que ce n’est jamais simple. Il faudrait passer une journée à parler. Il faudrait du temps. En tout cas, belle matinée de tournage, de questions, de réponses (trois langues se mélangeaient : questions en anglais, réponses en anglais, parfois en français, traduction de mes réponses en allemand). De temps en temps la pièce (cela se passait chez moi) était soudainement illuminée par le soleil ; de temps en temps on arrêtait le tournage à cause du bruit d’un véhicule souffleur de feuilles mortes.
J’ai vu le dernier Depardon. Je comprends ainsi beaucoup mieux le comportement (souvent surprenant) et les paroles d’une amie qui vient de cette région. C’est lumineux, tout s’explique. J’ai fait connaissance des tiens, Toxica, je peux dire que je te comprends mieux maintenant.
Après La Nuit Américaine, je projette Judex ce soir au Catacombs Cinema Club. Je viens de recevoir un Oriental Beauty (récolté le 19 juin de cette année à Hsin Chu, Taïwan), un Concubine Oolong (récolté le 6 mai 2009 à Feng Huang, Taïwan) et une assez petite théière en porcelaine de 15cl (très belle). Le Oriental Beauty est délicieux (je n’ai pas encore goûté l’autre).
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