Je viens de voir Generation Kill, une mini-série sur les débuts de la guerre en Irak (celle de 2003). Produite par HBO, bien sûr. Cette chaîne est le Alfred A. Knopf, le Gallimard, le Einaudi de ces temps. J’ai commencé à voir la deuxième saison de In Treatment, il y a des choses troublantes dans ces personnages, qui me sont familières. C’est toujours aussi parfait.
Aujourd’hui je reprends mon roman. Trois semaines sont passées depuis ma dernière lecture (surtout depuis la remise du manuscrit à mon éditrice, et son retour, nos discussions), je peux espérer un regard nettoyé. J’ouvre l’armoire. Brrr. Allons-y.
Brocante à Stalingrad (métro Stalingrad bien sûr), j’ai acheté un cd de Winton Kelly (je ne connaissais pas ce pianiste) et deux albums de Earl Hines à Fernet Branca. Toxica vendait ses vêtements hippies, c’était drôle on aurait dit la garde-robe de More (Barbet Shroeder, 1969).
Thierry Hesse m’a parlé d’un livre de Enzo Traverso que je n’ai pas lu, La pensée dispersée (un jour j’aurai, j’aurai lu, tous les livres de cet historien passionnant). De mon côté je lui ai parlé La politique de la mémoire, de Raul Hilberg (la vie -marathonnienne- professionnelle de l’auteur de La destruction des juifs d’Europe, un livre sur le travail, sur le combat acharné quotidien, solitaire pour mener à bien son projet).
L’Anonyme en transit a dit que nous (notre petit groupe) sommes des Lumpenbobo, terme contradictoire mais très juste il me semble (certains un peu moins que d’autres, mais bon nous sommes loin de la bourgeoisie). Nous étions près du canal, à manger, à parler.
Pendant deux-trois minutes ce soir-là (samedi) j’ai pensé que Fernet Branca avait été professeur de mime. Je lui ai dit que ça ne m’étonnait pas. En fait j’avais mal entendu, il a répété : professeur à Nîmes. C’est nettement moins intéressant. J’aime les lapsus auditifs. Mal entendre, mal comprendre, mal lire, mal écrire, tous ces petits carambolages sont des occasions de révélation et de création, microscopiques déraillements qui provoquent des accidents positifs, à disposition si nous désirons les saisir, si nous savons les voir, reconnaître leurs belles qualités. La chasse aux papillons est ouverte toute l’année, le jour et dans nos rêves.
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