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Bucarest

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Deux jours à Bucarest pour la sortie de Peut-être une histoire d’amour en roumain. J’ai surtout vu la ville à travers la vitre d’une voiture. Quand même, une visite au théâtre de l’Athénée avec Mona mon éditrice chez Humanitas. Le portier nous a guidé dans ce palais (escaliers en colimaçon, mosaïques…). Nous avons assisté à une répétition de l’orchestre de la radio nationale (fresques dans la salle qui me rappellent les fresques de l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne).

Il y a eu une lecture à l’institut français (l’horaire a été changé à la dernière minute, je l’ai appris en arrivant, c’est dommage des jeunes gens sont arrivés à la fin, mille excuses donc de la part de l’Institut). Puis spectacle de Philippe Découflé (Sombreros), que je ne connaissais pas, j’ai beaucoup aimé. Je crois que c’est le premier spectacle de danse auquel j’assiste (ah si Bill T. Jones il y a vingt ans à Avignon).

La journée de vendredi s’est déroulée d’interview en interview. Au bout d’un moment je n’avais quasiment plus de voix.

Quelques heures à la bookfest. Dédicaces, brève rencontre avec le public. Mon premier livre est sorti il y a sept ans en Roumanie et je n’en reviens de la fidélité des lecteurs. Gentillesse et chaleur. Beaucoup de gens parlent français, un excellent français. Bonheur de trouver des interlocuteurs bienveillants et cultivés. J’ai fait une interview en anglais, il y a eu beaucoup de « well you know », j’ai des progrès à faire, il faut que je pratique.

Découvrir un pays, c’est l’occasion de découvrir sa littérature. J’ai demandé des noms d’écrivains contemporains, on m’a conseillé Ion Manolescu, Mircea Cartalescu, Dan Lungu. Voilà un peu de lecture pour les prochaines semaines. Je regrette qu’il n’y ait pas de liens entre écrivains de pays différents. Il faudrait travailler à ça.

(tiens ça me fait penser que j’ai le projet de lire Les Détectives Sauvages, de Roberto Bolano, et La vie nouvelle, de Orhan Pamuk).

Vendredi soir, je me réserve une soirée solitaire et tranquille. Jus d’orange dans une brasserie calme et lumineuse (baie vitrée), lecture, puis dîner. Je prends mon temps.

Je déteste l’avion. Je veux dire prendre l’avion (cela reste un très bel objet de décoration). A l’aller et au retour, j’ai cru à peu près mille fois que l’avion allait exploser, faire des tonneaux, se désintégrer (j’ai arraché la pochette en tissu cousue sur le siège devant moi). A l’aller un joyeux roumain assis à côté de moi m’a dit que notre avion était du même modèle que celui qui a explosé entre Rio et Paris. Au retour, j’étais tellement inquiet que j’ai parlé à ma voisine, une dame japonaise, Mayumi Tsukuda. Elle m’a conseillé de faire un exercice de yoga (je lui avais dit que je faisais du yoga) et de respirer profondément. Mais à quoi cela sert-il de respirer ainsi alors que l’avion risque d’exploser ou de tomber sur le sol ? Alors nous avons parlé et j’ai appris quantité de choses sur l’artisanat de l’osier dans la région de Nagano. Elle voyage à travers le monde et transmet ses techniques de tissages de l’osier (ou d’autres fibres végétales).

C’est grâce à la peur que j’ai parlé à Stéphane Heuet sur le vol Paris-Rio il y a quatre (ou cinq?) ans. Et nous sommes devenus amis. La peur peut donner de belles choses. Ce n’est pas un mode de fonctionnement reposant cependant. Je travaille à trouver une autre manière d’être. Mais la peur, l’angoisse sont des choses si familières, qu’il est long de s’en défaire. C’est comme abandonner une langue maternelle.

Je trouve que l’avion roule mieux qu’il ne vole. Et puis peu après l’atterrissage à Roissy, j’ai vu un lapin qui sautillait sur l’herbe bordant la piste.

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