Portrait de notre garde-manger.
Quand on devient végane, on a parfois des remarques (cela reste rare) du genre « Mais alors qu’est-ce que vous mangez ? » Sous-entendu « Vous ne mangez que des carottes à l’eau et de la salade verte ».
Non, on ne meurt pas de faim (et au fait : on ne maigrit pas forcément, surtout quand on est gourmands comme nous). Au contraire, nos repas n’ont jamais été aussi variés. On cuisine des aliments dont on ignorait l’existence jusque là (panisse, flocons de levure maltée, flocons de pois chiche, tempeh, protéines de soja texturées, seitan…), on découvre des légumes (choux-rave, délice d’entre les délices), on adopte de nouveaux basiques qui étaient peu présents avant dans nos menus (beurre de coco, fondant au chocolat végé, houmous, caviar de tomates séchées, champignons à l’ail…). La réalité gastronomique devient plus riche et plus complexe. On se rend compte qu’une cuisine quotidienne est une chose qui reste à inventer, tant de produits sont encore à découvrir et à associer.
En fait, on n’a pas l’impression d’avoir renoncé à quoi que ce soit : on se réapproprie notre héritage culinaire (familial, culturel) et on le réinvente autrement. Ça devient même un jeu : comment cuisiner autrement les plats qu’on connaît bien et retrouver les saveurs qu’on a aimées ? Dernièrement ça a donné lieu à de la choucroute et des lasagnes véganes.
Note : nous sommes bien conscients que notre garde-manger dit quelque chose de notre position sociale : nous habitons une ville bien fournie en maraîchers et en magasins proposant des aliments de qualité. Il y a une large part de la population qui habite dans des déserts alimentaires, dans ce cas manger avec une grande diversité est plus compliqué. Nous avons les moyens de faire le marché et d’acheter pas mal de produits bio (même si les produits bios végétaux sont toujours moins chers que viandes et fromages non bios – y avoir accès, aller vers ces produits c’est déjà un signe de position sociale favorisée). Enfin, nous avons le temps de nous poser des questions sur notre alimentation et surtout de cuisiner, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, par exemple de pas mal de salariés aux horaires impossibles ou de parents de familles nombreuses. Nous sommes à une époque de l’histoire et de nos vies, et dans un milieu, qui rend notre rapport aventurier à la nourriture possible. Nous en profitons bien. Avec Monstrovéganes, on va bientôt proposer des recettes simples et pas chères pour montrer que la gastronomie végétale est accessible. Le véganisme a tout pour être un mouvement populaire. À nous de travailler à le démocratiser
(il manque sur cette photo notre boîte de vitamine B12, car qui dit véganisme dit supplémentation en cette vitamine indispensable – tout comme nécessité de devenir un peu expert en nutrition).