Une amie est hospitalisée depuis une semaine, en psychiatrie. C’était nécessaire, cela a été difficile. Tout le monde est soulagé depuis qu’elle est à « l’abri ». Et je suis rassuré, je pense moins à elle, et je ne devrais pas, ou alors uniquement pour souffler, pour vivre moi aussi, égoïstement, pour moi, c’est important, d’être léger. Parfois on ne devrait pas continuer à vivre normalement, par moments, accorder des instants dans nos journées à penser à ceux qui vont mal, dont la vie est proche de l’enfer, sans se laisser déborder par la tristesse, sans se laisser emporter, mais penser à eux, leur dire en pensée qu’on est là, et envoyer des ondes douces dans leur direction. Être optimiste pour eux, pour nous, être joyeux et continuer à penser à eux, les blottir dans des moments, prendre soin d’eux microscopiquement. Ne pas pleurer, empêcher les larmes quitte à se faire mal en se plantant les ongles dans la main, il y a déjà trop de larmes, les détester ces larmes, ce malheur. Penser que ça va aller mieux. Ne pas en douter, et offrir cette certitude pour quand on pourra venir te voir. Être grave et léger, être heureux comme quelque chose qu’on arrache avec les dents, de sanglant, par esprit de contradiction, par sauvagerie. Je pense à toi, Manon.