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L'apiculture selon Samuel Beckett

2013 – Éditions de l’Olivier

Oh les beaux jours! « J’ai répondu que j’étais libre dès maintenant. Il a eu l’air enchanté. Il m’a assigné une première mission : acheter quatre grosses boîtes en carton. Il a ajouté un sandwich au poulpe à la commande. J’ai noté l’adresse du traiteur grec et de son appartement. » Un été à Paris, le narrateur, un doctorant en anthropologie, est chargé par Samuel Beckett de classer ses archives : cette rencontre lui semble si improbable qu’il en tient le journal afin de ne rien oublier. Le Beckett qu’il décrit est en effet bien loin de l’homme austère que l’on connaît : un gourmand amateur de chocolat chaud, un original à la garde-robe extravagante, un joueur de bowling et un apiculteur passionné. Mais ce récit n’est pas seulement le portrait désopilant d’un écrivain dont la clairvoyance se traduit en humour ou l’inverse, il est surtout une réflexion sur l’image de l’écrivain, sa mémoire, l’utilisation de son œuvre. L’adaptation de En attendant Godot par un metteur en scène suédois qui choisit de la faire jouer par des prisonniers est ainsi une magistrale et ludique démonstration de la résistance d’une œuvre ! Toutefois, l’apiculteur pourrait bien être Martin Page lui-même qui tel un alchimiste fait son miel de cette rencontre. Il se joue des pièges qui se glissent aisément entre fiction et réalité, entre l’œuvre et la vie de son auteur. Il en ressort un récit audacieux à la fois drôle et intelligent, réjouissant et stimulant.