Disons que c’est l’histoire de la journée d’un homme dont la principale occupation est de se suicider avec entrain de différentes manières : revolver, pendaison, lame de rasoir, dose journalière d’anxiolytiques et de barbituriques, mines antipersonnel nichées sous le carrelage de son appartement, électrocution. Du lever au coucher, dans son immeuble, dans la rue, à son travail, à l’enterrement de ses amis, le destin d’un homme qui pourrait être normal. En fait tout irait à peu près bien si son médecin ne venait de lui annoncer qu’un requin nage dans son corps. Heureusement, pour lui changer les idées, un quatuor de mexicains apparaît régulièrement pour lui interpréter une chanson.
Le roman est à la fois complètement halluciné et très rationnel, plein de théories. Le ton est pince-sans-rire, l’écriture regorge de métaphores et de trouvailles qui tirent le texte du côté de la rêverie surnaturelle et poétique. Si le monde contemporain paraît absurde, vu par cet employé modèle qui n’arrive pas à mettre fin à ses jours, il est aussi le lieu d’une sorte de liberté, chétive et ironique. Par exemple, l’éternel suicidaire cultive un jardin intérieur, au sein d’un immeuble dédié au béton et au métal, ou encore il ira jusqu’à passer une semaine de vacances dans son ascenseur. Clin d’œil nonchalant à Harold et Maude (livre de Colin Higgins) et à Un jour sans fin (film de Harold Ramis), Une parfaite journée parfaite est une douce folie que bercent de multiples références musicales.
éditions Mutine, 2002.
Traductions : Roumanie (Humanitas), Grèce (Astrati), Corée (Munidang).
Poche : Points Seuil (à paraître).